JRPAC

Phase One 645 DF vs. Nikon D700

19 juillet 2010

Lors de ma prise de vue du samedi 3 juillet, j’ai utilisé un appareil photo haute résolution. Il s’agit d’un triplet boîtier-objectif-dos numérique :

  • Boîtier : Phase One 645 DF, boîtier moyen format pour dos numérique (un mélange entre les exigences de Phase One et le savoir-faire de Mamiya, racheté par la société danoise)
  • Objectif : Mamiya 120 mm F/4
  • Dos numérique : Leaf Aptus-II 8 (40 Mpx).

Comme à mon habitude, j’aime tester le matériel que j’utilise et connaître ses limites.

Boîtier Phase One 645DF avec l'optique Mamiya 120 mm F/4 Macro. Photo : Jean-Romain Pac.

Boîtier Phase One 645DF avec l'optique Mamiya 120 mm F/4 Macro. Photo : Jean-Romain Pac.

Pour déterminer quel est le meilleur piqué du système et savoir par la même occasion à quel diaphragme il se situe, j’ai crée un banc de test rapide avec des chartes et des reproductions de tons chair. Le centre de la charte est composé d’une coupure de magazine avec de la typographie, l’un des motifs les plus représentatifs pour évaluer le piqué d’un objectif.

Je dispose d’un Nikon D700 et je trouvais intéressant de mettre les deux systèmes en comparaison, même si les deux boîtiers ne jouent pas dans la même cour. Le couple Phase One avec le dos Leaf Aptus-II 8 propose une image de 40 mégapixels (sur un capteur de 44 mm x 33 mm) alors que le Nikon D700 créé des images de seulement 12 mégapixels (avec un capteur de 24 x 36 mm).

Il faut donc presque quadrupler la surface finale pour arriver à la résolution du moyen format !

Ensemble du sytème : optique Mamiya 120 mm F/4 Macro, boîtier Phase One 645 DF et enfin dos numérique Leaf Aptus-II 8 au premier plan. Photo : Jean-Romain Pac.

Ensemble du système : optique Mamiya 120 mm F/4 Macro, boîtier Phase One 645 DF et enfin dos numérique Leaf Aptus-II 8 au premier plan. Photo : Jean-Romain Pac.

Vue d’ensemble

Vue d’ensemble de l’image prise au Nikon D700.

Vue d'ensemble de l'image-test. Nikon D700, optique Nikkon AF-S 24-70 mm F/2.8 ED-IF.

Vue d'ensemble de l'image-test. Nikon D700, optique Nikkon AF-S 24-70 mm F/2.8 ED-IF.

Vue d’ensemble de l’image prise avec le boîtier Phase One.

Vue d'ensemble de l'image-test. Phase One 645 DF, dos Leaf Aptus-II 8, optique Mamiya 120 mm Macro F/4

Vue d'ensemble de l'image-test. Phase One 645 DF, dos Leaf Aptus-II 8, optique Mamiya 120 mm Macro F/4

Comparaison à 100%

Pour comparer les deux images, je les ai importées dans deux logiciels de dématriçage et ai généré des JPG en laissant les paramètres par défaut :

  • Phase One 645 DF : fichier brut MOS, ouvert dans Capture One 5 DB
  • Nikon D700 : fichier brut NEF, ouvert dans Lightroom 3 (avec le profil D700 pour Lightroom)

Une fois les images JPG générées, je les ai affichées à 100% dans Photoshop pour les comparer.

Vue à 100% de l’image Nikon (centre de l’image)

Zoom à 100% sur l'image prise au Nikon D700.

Zoom à 100% sur l'image prise au Nikon D700.

Vue à 100% de l’image Phase One / Mamiya / Leaf (centre de l’image)

Zoom à 100% sur l'image prise au Phase One 645 DF.

Zoom à 100% sur l'image prise au Phase One 645 DF.

Le résultat est stupéfiant. L’image au Nikon semble molle (certainement le post-traitement doux par défaut de Lightroom sur l’accentuation face au rajout de netteté efficace de Capture One) alors que celle provenant du moyen format est arrachée, c’est-à-dire d’un piqué excellent.

Le détail sur la bande adhésive noire notamment montre les possibilités de l’optique Mamiya.  Le contraste de l’image faite au moyen format est vraiment appuyé sans être exagéré. Les dernières optiques Mamiya dont celle que j’ai utilisée fait partie ont été conçues pour pouvoir assurer du détail même avec un dos de plus de 60 Mpx en fin de course.

Il est donc naturel que ces objectifs, conçus pour les derniers capteurs numériques aient un rendu si spectaculaire. Mamiya ne communique pas sur son site les courbes MTF de ses optiques mais en faisant un rapide calcul, on obtient une résolution d’environ 80 cy/mm pour une courbe MTF d’au moins 50%.

Le véritable problème pour mon projet personnel SURFACE est la profondeur de champ. Tout d’abord le numérique est beaucoup plus exigeant que l’argentique sur la mise au point. Une image out-of-focus en argentique passera beaucoup mieux qu’une image floue numérique. Ceci est certainement du au grain du film qui continue de créer de la matière même dans les zones sans détail.

De plus, le sujet sera à un peu plus d’un mètre du plan focal. Avec une optique de 120 mm, à F/11, dès que le sujet bouge un peu, il sort de la zone de netteté !

Voilà un réel problème que je devrai résoudre d’une manière ou d’une autre, sans faire une croix sur l’excellent piqué dont cet objectif est capable.

Vue rapprochée de la bague de mise au point de l'objectif Mamiya et de la règle de profondeur de champ. Photo : Jean-Romain Pac.

Vue rapprochée de la bague de mise au point de l'objectif Mamiya et de la règle de profondeur de champ. Photo : Jean-Romain Pac.

Note sur la méthode

La comparaison entre les deux systèmes, au-delà de son absurdité (12 Mpx vs 40 Mpx !) admet d’autres limitations :

  • L’image Phase One a été prise avec le meilleur diaphragme pour un rendu maximal du piqué soit F/11 d’après mes tests. Pour une raison que j’ignore, j’ai positionné le diaphragme du zoom Nikon à F/16 qui est à deux stops de son meilleur piqué (F/8) donc l’optique Nikon n’a pas été utilisée dans ses meilleurs conditions.
  • Normalement, les deux fichiers RAW auraient du être ouverts dans le même logiciel de dématriçage pour ne pas laisser l’interprétation numérique jouer un rôle dans le rendu de l’image mais je ne dispose pas d’une version entière de Capture One 5 pour y importer les fichiers MOS et NEF.
  • Enfin, le cadrage est un peu plus serré sur le moyen format donc plus avantageux pour ce dernier.

Quoiqu’il en soit, le but de ce test était double : connaître le meilleur piqué de l’optique Mamiya (ce que j’ai pu mesurer, F/11) et voir de manière grossière la différence entre les deux systèmes, ce que les images montrent de manière évidente.

En savoir plus

A l'écart du mariage. Photographie : Jean-Romain Pac.

A l'écart du mariage. Photographie : Jean-Romain Pac.