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Exposition : Jürgen Nefzger au Château d’Eau

13 janvier 2010

Lors de mon escapade à Toulouse en cette fin d’année, je suis allé découvrir pour la première fois la galerie du Château d’Eau. Il était temps : aimer la photographie et être toulousain devraient logiquement faire de ce lieu une seconde maison !

Le photographe d’origine allemande Jürgen Nefzger, que j’avais découvert il y a un peu plus d’un an à la galerie Esther Woerdehoff y exposait une partie des travaux de ces dernières années.

La série principale s’appelle « Fluffy clouds » ; les curieux n’habitant pas la ville rose peuvent malgré tout l’apprécier par sa page dédiée, accessible depuis le site officiel du photographe.

Jürgen Nefzger, Kalkar, Germany, 2005.

Jürgen Nefzger, Kalkar, Germany, 2005.

Cette série se propose de montrer le contraste saisissant entre l’implantation d’usines nucléaires, dans différents pays d’Europe, et la vie des habitants environnant. Les gens continuent leurs loisirs, indifférents à ces installations industrielles redessinant le paysage. Bien évidemment, il y a tout un message qui a trait à notre environnement. La portée écologique de ces photographies est revendiquée par le photographe (à la lecture du prospectus donné à l’entrée de la galerie). Pour ma part, cette information là m’intéresse moins que les questions purement urbanistiques que soulèvent en filigrane ces images.

Jürgen Nefzger, Sellafield, England, 2005.

Jürgen Nefzger, Sellafield, England, 2005.

Cette photographie par exemple me semble tout à fait frappante. Tout d’abord, je retrouve avec plaisir la rigueur allemande. L’image a été prise à la chambre 4×5″, tirée en grand format en argentique couleur (les tirages de la galerie étaient somptueux) et quel sens du cadre, de la composition !

La rime visuelle des cheminées est rappelée par le piquet de golf ; l’image est construite sur une verticalité omniprésente (cheminées, tours, personnages) fendue par une ligne d’horizon re-équilibrant l’image ; et, enfin, les couleurs pastels semblent sortir tout droit d’un tableau d’Edward Hopper.

Au delà de la maîtrise photographique, au sens de l’acuité du regard, le photographe nous présente une scène qui vacille entre humour et terreur. De suite, m’est venue à l’esprit cette photographie d’Andreas Gursky qui emploie presque le même traitement : un lieu de loisir côtoyant un lieu industriel.

Andreas Gursky, Grant Hyatt Park, 1995.

Andreas Gursky, Grant Hyatt Park, 1995.

On est confronté là à toute l’aberration des recherches urbanistiques dans des zones à fort développement industriel. La surpopulation, la concentration dans les villes et le désir naturel de l’Homme à rester en contact avec la nature trouvent une justification à ces réalisations.

Le reste de l’exposition, au sous-sol, comprenait des travaux provenant des séries Dunkerque, Hexagone 1995-2001, Hexagone 2000-2005 et Nocturnes, sous forme de diapositives dans une salle de projection.

Si vous êtes de passage dans la région, je vous conseille vivement cette exposition. A noter que la galerie du Château d’Eau présente aussi le travail d’André Mérian qui a bénéficié d’une résidence d’artiste à Toulouse pour un travail sur plusieurs quartiers de la ville dont celui du Mirail. Pour être tout à fait honnête, les images de ce dernier ne m’ont pas vraiment touché… affaire de goût très certainement !